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Infrastructures en Afrique de l’Ouest et du Centre : les couloirs de la vie pour sortir de l’impasse

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Routes défoncées, réseaux électriques défaillants, fracture numérique béante… si l’Afrique de l’Ouest et du Centre veut échapper à la stagnation économique, elle doit impérativement combler son déficit d’infrastructures. Mais à l’heure des grandes promesses, la question qui se pose est où trouver les milliards nécessaires pour enfin sortir de l’ornière ? Eléments de réponse.

Une Afrique sans routes, sans électricité, sans avenir

Dans bien des régions d’Afrique, transporter une marchandise d’un pays à un autre relève encore de l’expédition. Avec seulement 35 % de la population rurale reliée à des routes praticables toute l’année, c’est l’économie même des zones les plus vulnérables qui s’enlise. Et comme si cela ne suffisait pas, moins d’un Africain sur deux a accès à l’électricité, et ceux qui en disposent subissent les caprices d’un réseau instable, asphyxiant ainsi l’activité des entreprises et condamnant l’essor industriel.

A cette précarité énergétique s’ajoute une fracture numérique cinglante : à peine quatre Africains sur dix peuvent prétendre à une connexion Internet. Une situation qui, en pleine ère de la transformation digitale, maintient des millions de citoyens en marge de l’économie mondiale et prive des générations entières de perspectives professionnelles.

Les initiatives existent mais restent insuffisantes

Les dirigeants africains le savent, et ils le disent. A Dakar, ils se sont réunis pour remettre le sujet brûlant des infrastructures au cœur des priorités économiques. Sous la bannière de « L’Appel à l’action de Dakar », lancé en partenariat avec la Banque mondiale, les chefs d’Etat ont esquissé une feuille de route ambitieuse et, comme l’explique le dirigeant et chef d’entreprise Yoann Gandzion, les infrastructures routières notamment sont la condition essentielle au développement de l’économie pour les populations.

Certes, quelques avancées notables sont à signaler, notamment la rénovation du corridor Abidjan-Lagos qui a fluidifié le passage des frontières et amélioré la qualité des routes. Un projet de 470 millions de dollars est en cours pour renforcer l’intégration régionale au Burkina Faso, au Niger et au Togo. Et entre le port de Douala et N’Djamena, le corridor Cameroun-Tchad promet de bouleverser la logistique régionale, en réduisant drastiquement les coûts et les délais de transport pour 12 millions de personnes. Mais ces projets, aussi symboliques soient-ils, ne suffisent pas à combler l’immense fossé qui sépare les besoins criants des moyens engagés.

L’énergie et le numérique, deux chantiers où tout reste à faire

Sur le front énergétique, la Banque mondiale s’est engagée à fournir un accès à l’électricité à 75 millions de personnes d’ici 2030, avec un focus particulier sur l’Afrique de l’Ouest. Des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Nigéria disposent d’un excédent de production et commencent à jouer la carte des exportations électriques régionales. Mais le défi reste colossal, car à ce rythme, 238 millions d’Africains resteront sans électricité à l’horizon 2030.

Côté numérique, les ambitions sont là, mais le retard est tel que même une progression rapide ne suffirait pas à combler l’écart. L’initiative pour l’économie numérique en Afrique prévoit de hisser l’accès au haut débit de 30 % en 2020 à 43 % en 2024. Mais pour une population jeune et ultra connectée dans ses aspirations, cette dynamique est encore bien trop timide pour espérer une véritable révolution numérique à court terme.