Depuis le 1er janvier 2025, impossible de mettre en location un logement classé G sur l’échelle du DPE. La loi Climat et Résilience a tranché : ces passoires thermiques doivent être rénovées ou disparaître du marché locatif. Pourtant, sur le terrain, la réalité est tout autre. Une récente étude de SeLoger met en lumière une application en demi-teinte, avec des milliers de logements toujours en circulation malgré l’interdiction. Paris, en particulier, semble jouer selon ses propres règles. Alors, pourquoi cette loi peine-t-elle à s’imposer ? Quels en sont les véritables impacts sur le marché immobilier ? Éléments de réponse avec Joris Dutel !
Une loi qui secoue le marché locatif
Adoptée en 2021, la loi Climat et Résilience vise un objectif clair : mettre fin à la location des logements les plus énergivores et forcer les propriétaires à rénover. Après l’exclusion des logements classés G+, interdits dès 2023, c’est désormais au tour des logements G d’être frappés d’un couperet législatif. En 2028, les biens classés F suivront, puis en 2034 ceux notés E.
Et sur le papier, la mesure semble déjà produire des effets. Selon SeLoger, les mises en location des logements classés G ont chuté de 16 % en 2024. Parallèlement, les biens mieux classés (A à F) ont progressé de 11 %. Une dynamique encourageante ? Pas si vite. Malgré la baisse du volume de ces biens à louer, 2,3 % des annonces concernent encore des passoires thermiques interdites. Certains bailleurs jouent la montre, d’autres contournent la règle.
Les freins à l’application de la loi
Si la loi a mis un coup d’accélérateur à la rénovation énergétique, elle se heurte encore à plusieurs obstacles, notamment des rénovations hors de prix. En effet, rénover un logement classé G, ce n’est pas qu’une question de bonne volonté, c’est surtout une question d’argent. L’addition est souvent salée :
- 10 000 à 30 000 € pour une isolation thermique classique.
- Jusqu’à 50 000 € pour une rénovation complète incluant chauffage et menuiseries.
Malgré l’existence d’aides publiques comme MaPrimeRénov’, les propriétaires rechignent à se lancer. Trop de paperasse, délais trop longs, plafonds insuffisants… Beaucoup préfèrent tout simplement retirer leur bien du marché plutôt que d’engager des dépenses considérables.
Un marché locatif sous pression
Dans les grandes métropoles, où trouver un logement est un parcours du combattant, certains propriétaires préfèrent prendre des risques. A Paris, Lyon ou Bordeaux, la demande locative est tellement forte que les biens classés G trouvent toujours preneur. Résultat : malgré l’interdiction, certains bailleurs louent en toute illégalité, profitant du désespoir des locataires.
Le grand flou du DPE
Autre problème : l’évolution des diagnostics de performance énergétique (DPE). Depuis 2021, la méthode de calcul a changé, rendant obsolètes les anciens DPE réalisés avant juillet 2021. Certains propriétaires découvrent que leur bien, autrefois classé F, est désormais en G… et se retrouvent pris au piège. Un flou qui nourrit encore plus les réticences à se conformer à la loi.
Paris, le contre-exemple par excellence
Là où les biens classés G se raréfient dans le reste du pays, Paris fait figure d’exception. Contre toute attente, les mises en location des logements interdits ont bondi de 13 % en 2024. La capitale défie la tendance. Pourquoi ? Son parc immobilier est ancien et difficile à rénover, notamment dans les quartiers historiques où les contraintes patrimoniales compliquent les travaux. De plus, l’offre locative est extrêmement tendue et les locataires n’ont souvent pas d’autre choix que d’accepter des logements énergivores.