Vous ne le saviez peut-être pas, mais le secteur muséal n’est pas exempt de tout reproche lorsqu’il s’agit d’impact écologique. En effet, les musées ont aujourd’hui un bilan carbone qualifié de lourd, entre affluence touristique record et mises en scène temporaires. Heureusement, les principales institutions de la place semblent en prendre conscience, et s’orientent désormais vers de nouveaux modèles plus respectueux de la planète.
La culture, importance source de pollution
Conscients des enjeux environnementaux du secteur culturel et muséal plus précisément, les acteurs du domaine ont participé à trois jours de débats au centre Pompidou, du 2 au 4 décembre dernier. A l’ordre du jour : interroger les liens entre transition culturelle et transition écologique. A en croire le collectif des Augures, « un grand musée français émet environ 9 000 tonnes de CO2 par an, soit l’empreinte annuelle de 800 Français ». Ce n’est pas rien. Mais en même temps, la culture a aussi un impact économique important, estimé à 2,2 % du produit intérieur brut de la France, largement grâce à l’attraction de touristes français et étrangers.
Vous l’aurez compris, la culture est certes une importante source de pollution, mais elle est aussi hautement rémunératrice. D’où l’urgence d’opérer une transition qui permet de garder intact le poids économique du secteur, tout en l’orientant vers la sobriété énergétique, l’optimisation des gestions des ressources et la réduction des déchets. C’est ce à quoi s’attelle le collectif des Augures, qui joue un rôle d’accompagnement de nombreuses structures depuis deux ans, dont des musées, des écoles, des centres d’art, des collectivités… Depuis quelques mois, les efforts de transition semblent s’accélérer, sans doute poussés par la multiplication des alertes, la menace de crise énergétique et les pressions de plus en plus fortes des activistes écologistes.
Sobriété, éco-conception des expositions et cycle de vie des œuvres
Le manque d’imagination fait fureur dans le secteur, comme en témoigne la décision outrageuse de la mairie EE-LV de Strasbourg de fermer l’ensemble des musées municipaux un jour de plus par semaine, en réaction à la crise énergétique. Heureusement, la majorité des institutions culturelles se sont montrées plus responsables, mais aussi plus inventives, dans le but de réduire l’impact environnemental de la culture. Il faut rappeler que les artistes jouent également un rôle à ce niveau, en interrogeant depuis des années déjà la relation au vivant ou encore les droits de la nature. Tout cela a conduit à un changement d’approche de la part des musées, qui s’orientent désormais vers plus de sobriété, pensent éco-conception des expositions et cycles de vie des œuvres.
Les musées font aujourd’hui appel à des collectifs comme les Augures, et recourent aussi à des agences spécialisées dans l’écoconception des productions artistiques. Il est également utile de rappeler que plusieurs associations ont vu le jour dernièrement. Leur mission : collecter et valoriser les rebuts du secteur culturel, dont la Réserve des arts qui opère depuis 2014 à Pantin en Seine-Saint-Denis, et depuis 2021 à Marseille. Aujourd’hui, l’association compte 9 000 adhérents, dont la moitié sont des étudiants en art.