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Qu’est-ce que l’affaire Clément Beaune, droits LGBT à Kraśnik ?

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Non, Clément Beaune n’a pas été interdit de visite d’une zone sans LGBT à Kraśnik. Décidément, les fake news ont la peau dure… Non, Clément Beaune n’a pas été interdit de visite d’une « zone sans LGBT » en Pologne. En effet, le secrétaire d’Etat français chargé des affaires européennes, en visite officielle de deux jours en Pologne, n’a pas été privé de visite, contrairement à ce qu’on a pu lire ici ou là dans certains médias français. Décryptage !

« Zones sans LGBT » en Pologne, démêler le vrai du faux

Dans la presse française, l’épineux sujet des « zones sans LGBT » a été au cœur de la couverture de la visite en Pologne du secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, Clément Beaune. Nous vous le disions, les médias français se sont empressé, en grand nombre, de déclarer que Clément Beaune a été interdit d’accès à ces zones par les autorités du pays. Pure désinformation !

Avant d’aller plus loin, précisons que ces zones dites sans LGBT, principalement situées dans le sud-est du pays, ont adopté des résolutions déclarant leur territoire « libre de toute idéologie LGBT ». Une décision prise en réponse à une charte pro-LGBT adoptée par Varsovie en janvier 2019. Bien que leur statut soit purement symbolique et qu’il n’ait aucune valeur juridique, ces zones n’en demeurent pas moins représentatives d’une idée selon laquelle les personnes LBTQI sont des menaces à l’ordre social, car porteuses d’une « idéologie ».

Libération, L’Obs… les grands noms de la presse française s’y sont donné à cœur joie, annonçant l’interdiction de visite de Clément Beaune dans ces zones. Les déclarations faussement rapportées par Cnews ont particulièrement fait mouche, faisant un scandale en Pologne. La vérité est beaucoup plus nuancée… de l’aveu même du principal intéressé : « Les autorités polonaises ne souhaitaient pas, ce que je regrette beaucoup, que j’aille visiter une zone anti-LGBT. Je pense que dans un pays de l’Union européenne, même si je trouve que c’est très regrettable, on ne peut pas se rendre quelque part sans l’avis des autorités, contre l’avis des autorités. On peut avoir un débat, je leur dirai. Je leur dirai que ne je cacherai pas que c’est leur fait. Mais en revanche, je pense que l’on ne peut pas rompre le dialogue dans l’Union européenne même quand les situations sont difficiles et que l’on a des désaccords », déclarait Clément Beaune lors d’un point de presse, en présence de trois journalistes français basés à Varsovie. Clairement, le secrétaire d’Etat français n’a, à aucun moment, parler d’interdiction, mais plutôt de « souhait » des autorités polonaises. Ce n’est évidemment pas la même chose…

La Pologne officielle s’offusque

Officiellement, la Pologne considère qu’elle fait l’objet d’une campagne de fake news de la part de certains médias internationaux, initiée par les accusations des médias français. En effet, la diplomatie polonaise n’a pas manqué de réagir par le biais du Secrétaire d’Etat polonais aux affaires étrangères, Szymon Szynkowski vel Sęk, qui a déclaré sur Twitter : « Ce n’est bien sûr, pas vrai. Personne au sein du pouvoir en place n’a retiré la possibilité ou rendu impossible la visite du vice-ministre français à Kraśnik. Ce genre de suggestions dessert l’ambiance de la visite et de notre relation, nous allons éclaircir cette affaire avec l’ambassade de France ». Le message est on ne peut plus clair.

Les médias polonais crient à la « fake news »

Sans surprise, l’affaire a fait des émules en Pologne, où de nombreux médias jugés pro-gouvernement ont crié à la « fake news ». Ce fut notamment le cas du site d’information réputée à droite, WPolityce. En outre, Clément Beaune lui-même avait accordé une interview au média polonais Gazeta Wyborcza, dans lequel il déclarait que les droits LGBT seraient l’un des points centraux de sa visite en Pologne. Et lorsqu’on lui a demandé s’il visiterait les « zones sans LGBT », le secrétaire d’Etat français a souligné que c’était son « engagement » : « Quoi qu’il arrive, je parlerai aux organisations qui travaillent dans ces zones pour défendre les droits de la communauté LGBT. J’espère pouvoir m’y rendre. Si, pour des raisons indépendantes de ma volonté, cela ne se produit pas cette fois, tôt ou tard j’irai quand même, car je m’y suis engagé », avait-il annoncé.

Clément Beaune rencontre les ONG féministes et pro-LGBTQ

Au cours de sa visite qui aura duré deux jours à Varsovie et Gdańsk, Clément Beaune a tissé des liens avec des figures emblématiques de la société civile et des membres influents de l’opposition. Parmi eux, Marta Lempart, fervente militante du mouvement Strajk Kobiet, Bart Staszewski, défenseur infatigable des droits LGBTQ+, et Barbara Nowacka, députée engagée dans la lutte pour le droit à l’avortement. Clément Beaune a également rencontré Aleksandra Dulkiewicz, la mairesse déterminée de Gdańsk, qui a succédé à Pawel Adamowicz, tragiquement assassiné en 2019. Enfin, il a échangé avec Adam Bodnar, un médiateur des droits aujourd’hui sur la sellette.